Les coulisses de la musique avec Christophe Astié

ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE ASTIÉ

Parlons méthodes et recueils pédagogiques aujourd’hui avec Christophe Astié, pianiste, compositeur, arrangeur, créateur de méthodes pédagogiques et fondateur, gérant de F2M EDITIONS à Albi

(crédit photos – Christophe Astié –  www.faitesdelamusique.fr)

Chers amis internautes et chers passionnés de musique, bonjour !

Une envie m’est venue en commençant ce blog…l’envie de vous présenter aussi de temps à autre des recueils pédagogiques que j’ai trouvé intéressants ainsi que des méthodes originales qui ont particulièrement attiré mon attention de professeur. Bien sûr, des méthodes pédagogiques, il y en a beaucoup, et beaucoup de très bonnes! Mais pour nous, professeurs d’instruments, tout comme pour nos chers élèves, il est toujours important d’avoir à notre disposition de nouvelles partitions et de nouveaux outils pédagogiques, sérieux, bien faits, mais aussi ludiques. Aussi, si comme moi vous êtes passionnés de pédagogie et de musique, je pense que ces méthodes pourront vous intéresser pour compléter les programmes de vos élèves.

Ce sera l’occasion également de vous parler d’un métier dont on parle finalement assez peu souvent au grand public, celui de l’Edition musicale, et surtout de rendre hommage aux créateurs et compositeurs des méthodes pédagogiques, des artistes parfois peu connus, dont le travail est pourtant tellement important!

Alors, pour ce nouveau rendez-vous de ma série « Les coulisses de la musique » et ce premier entretien consacré aux méthodes et compositeurs pédagogiques, j’ai le grand plaisir de m’entretenir avec un musicien aux multiples casquettes et multiples talents, quelqu’un qui a apporté du renouveau et de la fraîcheur dans le monde de l’édition de méthodes pédagogiques en France, Monsieur Christophe Astié ; pianiste, professeur de piano mais aussi compositeur, arrangeur, créateur de méthodes pédagogiques et fondateur de la maison d’édition F2M à Albi.

(crédit photo : F2M Editions)

Pour tous les pianistes en herbe, tous les professeurs et les amoureux du piano qui nous lisent, vous connaissez probablement déjà son nom et son travail… Depuis quelques années ses méthodes, publiées chez F2M EDITIONS, ont envahi les classes de piano et ses compositions et arrangements de morceaux ou de chansons de tous styles ont été travaillés avec enthousiasme, pour la plus grande joie de tous.

Nous allons aujourd’hui en apprendre un peu plus sur son parcours, son travail, sa vision de la musique et ses projets. Alors installez-vous bien chers internautes et bonne lecture !

Véronique BRACCO : Bonjour Christophe ! Tout d’abord, encore un grand merci d’avoir accepté de participer à ma série d’entretiens sur les « Coulisses de la Musique » et de bien vouloir répondre à mes questions ! Etant moi-même pianiste, compositrice et professeur de piano passionnée de pédagogie, je suis ravie de pouvoir m’entretenir avec vous et de mettre en avant votre travail. C’est en effet un domaine qui me touche et m’intéresse particulièrement. Chaque année, je recommande d’ailleurs très souvent vos méthodes à mes élèves. Elles sont vraiment très bien faites et permettent un travail intéressant, en proposant des morceaux variés de tous styles, ce qui permet différentes approches pédagogiques et de faire connaître différents styles. Vos arrangements sont eux aussi très bien faits, sans oublier vos propres compositions toujours très appréciées. C’est donc parfait pour compléter le programme général de mes petits pianistes.

Mais il serait dommage de laisser les gens penser que vous ne travaillez que sur la pédagogie du piano. F2M EDITIONS a aussi à son actif des méthodes pour d’autres instruments, toutes aussi réussies d’ailleurs. Nous allons en reparler dans un instant.

VOTRE PARCOURS

Commençons par le commencement Christophe. Pouvez-vous nous retracer un peu votre parcours musical ? A quel âge avez-vous eu votre premier contact avec le piano ? Vos parents étaient-ils musiciens ? Pourquoi avoir choisi le piano ? Qu’est-ce qui vous a séduit, attiré dans cet instrument ? Et jouez-vous d’un autre instrument ?

Christophe ASTIÉ : J’ai commencé le piano à l’âge de 10 ans après avoir sans cesse demandé à mes parents de m’acheter un piano. A force de ténacité, j’ai réussi à les convaincre et je me souviens encore de mon premier cours de musique avec un professeur particulier : cela a été pour moi une révélation, comme si cet instrument avait toujours fait partie de moi… Une logique… j’ai adoré et suis tombé sous le charme dès le début.

Pourquoi le piano? C’est un grand mystère mais si je creuse dans mes souvenirs d’enfant, j’ai toujours adoré le coté noir et blanc des touches du piano et le fait qu’elles soient bien rangées. Cela peut paraître futile et esthétique mais je me souviens avoir dessiné à la règle des touches de piano sur à peu prés tous les cahiers scolaires. Ce coup de foudre a été visuel et je ne voulais aucun autre instrument. Un vrai coup de foudre et une fidélité absolue, car je ne joue que du piano en dehors du fait que j’ai touché évidemment à d’autres instruments (Guitare, Batterie… ) pour m’amuser !

V.B : Quand et comment est venue cette passion pour la pédagogie ?

C.A : Je me souviens là aussi avoir toujours eu envie de transmettre. J’ai un jeune frère de 7 ans plus jeune et lorsqu’il a eu l’âge d’apprendre à lire, je me suis donné comme mission de l’aider à lire et écrire. Du haut de mes 12 ans (lui en avait 5) nous faisions ensemble des exercices d’écriture et de lecture. C’était passionnant!…Déjà une vraie passion pour les cours et les leçons.

V.B : Pourquoi l’apprentissage musical est-il si important selon vous ?

C.A : La musique est un art indispensable à mon goût. Le son d’une voix est déjà de la musique et c’est la première chose que nous entendons lorsque nous sommes enfants. J’ai eu la grande chance de travailler avec Didier Lockwood pendant 3 ans et nous avons eu des conversations au sujet de l’oreille, du son et de la transmission sonore et des sensations éprouvées. N’oublions pas qu’un enfant apprend à parler juste en écoutant. La voix parlée est déjà de la musique et l’enfant va apprendre naturellement ce langage en prenant même l’accent de ses parents. Ce qui prouve bien que cette notion de musique et de son est naturelle depuis notre plus jeune âge.

V.B : Vous êtes professeur de piano et directeur de votre propre école de musique à Albi. Depuis combien d’années exercez-vous ce métier ? C’est une idée qui je dois dire m’a longtemps parlé et fait envie aussi, même si je ne suis pas encore passée à l’acte contrairement à vous, pouvez-vous nous dire pourquoi avoir créer votre propre école ?

C.A : J’ai créé mon école après quelques années de cours dans des écoles de musique et parce que je souhaitais mettre en avant une façon plus « douce » et « agréable » de jouer de la musique. Dans les années 1990 la musique et surtout le piano se démocratisaient à peine. Nous étions dans la période Jean-Michel Jarre, avec des synthés, et le classique n’était plus vraiment à la mode. J’ai voulu ouvrir mes cours sur de la musique Jazz et moderne sans trahir les bases et la richesse de la musique classique. Je pense depuis toujours que les méthodes d’avant étaient très efficaces mais ne prenaient pas en compte le plaisir de jouer. Il était important pour moi de proposer à mes jeunes élèves « amateurs » de jouer de la musique sérieusement mais avec plaisir.

V.B : Vous avez ensuite décidé de passer à l’étape supérieure…la publication de méthodes pédagogiques. Là aussi, comme je vous comprends, puisque je suis moi-même en train de travailler à ma propre méthode de piano ; quel objectif et quel travail passionnants ! Comment l’envie vous est-elle venue ? Y-a-t-il eu un élément déclencheur ?

C.A : Ecrire et publier des méthodes n’était pas la priorité au départ ; et c’est parce que j’ai un gros défaut que je suis aujourd’hui auteur et maintenant éditeur. Je m’explique :  pour satisfaire mes élèves, je faisais un « mix » de quelques méthodes existantes et j’ajoutais également des morceaux plus modernes que j’arrangeais pour eux. Les partitions se perdaient et les photocopies traînaient, lorsque un jour j’ai décidé de relier mon programme de l’année pour éviter de perdre du temps. Une fois les partitions reliées entre elles, j’ai décidé d’ajouter des exercices de lecture et des commentaires ainsi que des leçons. Sans m’en rendre compte, je faisais ma première méthode puisque certains morceaux étaient substitués pour être vraiment progressifs. De fil en aiguille, j’ai quasiment tout changé et quatre ans après, j’ai eu ma première méthode avec mes morceaux, mes exercices et toutes les ressources pour les deux premières années de piano. Alors une question est venue flatter mon égo … « Et si je me faisais éditer ? Ok pourquoi pas…mais c’est pas gagné » ! Et pourtant … la chance est venue à ma rencontre !

V.B : Bien sûr, créer sa propre méthode, ce n’est déjà pas simple, mais la faire éditer c’est encore un tout autre chemin…souvent long et incertain. D’un autre côté, on met tellement de nous, tellement de passion, d’énergie et de travail dans un projet comme celui-ci que l’on peut aussi parfois avoir envie de suivre son projet jusqu’au bout soi-même, sans passer par une maison d’édition intermédiaire qui peut imposer ses critères, et c’est bien normal, sa ligne d’édition personnelle. Est-ce pour cela que vous avez décidé de monter F2M EDITIONS ? Pouvez-vous nous raconter un peu tout cela ?

C.A : Comment j’ai réussi à me faire éditer ? Nous étions en 2002 et j’ai eu la chance de rencontrer un commercial de la marque Roland qui souhaitait que j’utilise des Pianos numériques dans mon école. J’ai sympathisé avec lui et de fil en aiguille, je lui ai montré ma « méthode » pour les Claviers à l’époque, car c’était sur celle là que les élèves voulaient plus de moderne. Il trouve cet ouvrage bien fait et je lui demande s’il voudrait bien la faire lire à un professionnel parisien puisque je me sentais pas vraiment sûr de moi. Il accepte en me disant bien qu’il a un super ami prof de piano à Paris mais qu’il ne me promet rien de plus … J’accepte le deal car je voulais un avis. Il repart donc avec cette méthode et lors d’une journée anniversaire de son ami, il profite d’un moment calme pour montrer cette méthode et demander un avis. Cet ami professeur accepte de jeter un œil et juste à coté de lui se trouve une autre personne, musicien et journaliste chez Keyboard Magazine (journal réputé à l’époque) qui écoute la conversation et demande à voir le projet. Quelques semaines plus tard, je reçois un courrier d’une personne (le journaliste en question) me disant qu’il avait lu et trouvé le projet intéressant et qu’il se proposait de me faire rencontrer le « milieu » de l’édition musicale parisienne. J’ai donc eu des contacts avec Warner Chappel, les éditions Van de Velde et Hit diffusion (spécialiste des méthodes plus actuelles et notamment éditeur de J.J Goldman et autres artistes connus). J’ai évidement accepté avec un mélange de confiance et de peur d’être rejeté et après deux refus, car la ligne éditoriale n’était pas en phase avec mon projet, Peul Ferette, l’éditeur HIT DIFFUSION, m’a donné un rendez vous dans son bureau … J’ai eu mon contrat d’édition en 2005 avec un premier ouvrage « JE DÉBUTE LE CLAVIER » qui se vend encore et qui a dépassé les 40 000 ventes. Un conte de fée qui se poursuit encore. J’ai travaillé avec eux jusqu’en 2010 et c’est en 2011 que j’ai décidé de créer ma propre maison d’édition car nous ne nous entendions plus sur les nouveaux projets et je ne voulais pas faire de méthodes qui ne me ressemblaient pas … C’est parti en 2011 …et je suis aujourd’hui libre d’éditer ce que je souhaite sans m’être pour autant fâché avec mon ancien éditeur qui est un ami aujourd’hui.

V.B : C’est bien évidemment un gros risque à prendre, mais il a été très payant dans votre cas, puisque votre maison d’édition connait un très beau succès et que vous sortez régulièrement des nouveautés toutes plus intéressantes et variées les unes que les autres. Mais n’est-ce pas par moments difficile de porter tout cela ?

C.A : Le plus difficile est de poser sa casquette d’éditeur pour celle d’auteur. Ce sont deux métiers différents et on connait la difficulté des artistes qui doivent se gérer eux-mêmes. Ils ont bien souvent un agent … j’ai les deux rôles et les deux casquettes. C’est pas évident tous les jours mais j’y arrive quand même.

F2M EDITIONS ET VOS MÉTHODES PÉDAGOGIQUES

V.B : Le côté interactif et ludique est très présent dans vos méthodes. Là aussi c’est une réussite. Pourquoi avoir choisi de faire ainsi ?

C.A : La musique est un jeu et apprendre la musique doit aussi l’être. Il faut que les élèves aient l’impression d’apprendre tout en se faisant plaisir … ; c’est important pour continuer. Trop de personnes ont appris la musique pendant quelques années et abandonné ensuite.. ; bien souvent avec regrets. La musique est un loisir au même titre que la danse, le sport … les plus doués vont être des concertistes, des compositeurs, des professionnels mais ils commencent tous par d’abord prendre beaucoup de plaisir.

V.B : Parlez-nous de cette très bonne idée et envie de mélanger les styles ? Certains « puristes » préfèrent n’apprendre à leurs élèves que des pièces de répertoire (qui sont bien évidemment très importantes dans l’apprentissage et même primordiales pour ceux qui souhaitent vraiment devenir de futurs musiciens!), mais il peut aussi être tout de même très intéressant de permettre aux élèves de découvrir autre chose en plus, d’autres styles… Outre le fait que cela plaît bien sûr beaucoup aux élèves, pourquoi est-ce selon vous aussi intéressant pédagogiquement ?

C.A : Au même titre qu’un cursus scolaire, il faut apprendre des choses très générales avant de se spécialiser. Autre remarque : les élèves adorent le classique en général mais veulent aussi jouer des musiques Jazz et même modernes. J’ai décidé il y a 25 ans d’apprendre les 3 styles et c’est ce qui fait le succès de mes éditions. Certains professeurs préfèrent apprendre uniquement du classique… c’est leur choix et je le respecte. J’ai une autre façon de voir les choses.

(crédit photo : www.faitesdelamusique.fr)
(Arrangement piano – Christophe Astié / crédit photo : www.faitesdelamusique.fr)

V.B : Et pour ceux qui se demandent « comment on créé une Méthode » comme les vôtres, pouvez-vous nous en dire plus sur les étapes à franchir ? Vous faites-vous aider ou êtes-vous seul à travailler dessus ? Je sais que vous faites vous-même les arrangements et que vous composez aussi de très jolies pièces pour compléter le contenu, mais avec quels autres collaborateurs devez-vous travailler pour aboutir à un produit fini comme vous l’imaginiez ? Intervenez-vous dans chaque étape de confection, même jusqu’au design ?

C.A : Les premières méthodes ont été écrites « à la main », ensuite avec Word et aujourd’hui nous utilisons la suite Adobe pour le montage, le design (qui est fait par un graphiste). C’est plus facile aujourd’hui mais je me souviens qu’en 2000 c’était des photocopies, un ciseau et de la colle…

Pour le contenu, je fais tout de A à Z. Et je compose des petits morceaux qui m’aident à expliquer une difficulté précise. Ce sont toujours des compos pédagogiques en essayant toutefois d’avoir une mélodie assez jolie.

V.B : Il est temps de revenir à vos autres méthodes, car vous n’êtes pas resté centré que sur le piano, et quelle bonne idée ! Vous avez à votre actif des méthodes pour violon, accordéon, chant, guitare…mais aussi des méthodes « outils pédagogiques » pour aborder la FM (formation musicale / solfège Jazz), la connaissance des instruments… Enfin un catalogue très intéressant et varié allant du classique au jazz. Quel beau travail ! Bravo, vraiment ! Pour toutes ces méthodes et outils vous avez dû vous entourer d’autres musiciens et collaborateurs. Comment ces rencontres ont-elles eu lieu ?

 

C.A : Je cherche mes futurs auteurs par le « bouche à oreille » ; et je suis aussi contacté par certains auteurs directement. Je reçois quelquefois des manuscrits que je lis avec attention et c’est comme cela que j’ai signé quelques contrats avec des auteurs pour des instruments que je ne joue pas. Important d’ouvrir la ligne éditoriale sur des nouveaux projets. D’ailleurs, j’invite les futurs auteurs à me contacter car j’ai encore pas mal de projets.

V.B : Reparlons un peu de votre méthode pour petits violonistes, méthode ludique et originale, la Méthode « Didier Lockwood ». Didier Lockwood, violoniste que l’on ne présente plus, tant il a marqué le monde de la musique en effaçant peu à peu les frontières existantes entre classique, jazz et improvisations… ; Didier Lockwood qui a souhaité prendre le temps, malgré une carrière lui imposant un emploi du temps chargé, de tout de même transmettre sa passion et ses « secrets » au petits débutants de 6 ans en signant cette méthode.

Je prends un instant pour rendre hommage ici à ce grand Monsieur qui malheureusement vient de nous quitter… Quelle triste nouvelle et quelle perte… Il a su, par sa passion pour l’improvisation et pour toutes « les musiques », par son talent et sa grande ouverture d’esprit amener son public à la rencontre du Jazz. L’ouverture stylistique…c’est tellement important. Après tout, pourquoi ne pourrait-on et ne devrait-on aimer qu’un style de musique ? Monsieur Lockwood l’avait compris lui. Merci à lui pour ce qu’il nous laisse!

Je vous invite d’ailleurs à aller voir son site pour en découvrir (ou en redécouvrir) plus sur ce grand Monsieur de la musique et sur son univers musical: www.didierlockwood.fr

Mais revenons à sa méthode de violon, c’est aussi un bel héritage qu’il laisse aux nouvelles générations de petits violonistes débutants. Comment vous est venue l’idée de ce projet avec lui ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

C.A : J’ai eu la chance de rencontrer Didier Lockwood en 2015 à Paris grâce à un ami commun. Il a bien aimé « LE PIANO POUR LES 5/8 ans » et, de fil en aiguille, au cours d’un repas autour d’un bon couscous (un des plats préférés de Didier), il m’a proposé de faire une méthode dans le même esprit. J’ai été évidement charmé par le personnage et honoré qu’un grand monsieur de la musique veuille travailler avec moi. C’était un grand pédagogue, avec une première méthode sur le Jazz il y a quelques années. Il voulait transmettre, il a pris son temps et nous avons eu pas mal de séances de travail ensemble. Je l’ai connu pendant les 3 dernières années de sa vie. J’ai été à ses obsèques et j’ai été bouleversé et abasourdi par sa disparition brutale. Nous devions nous voir à Musicora 2018 et il ne sera pas là. Je l’ai eu au téléphone quelques jours avant son décès et il me demandait les premières critiques de sa méthode. C’était touchant qu’un grand musicien comme lui ait encore eu les yeux pleins de passions pour ses projets. Grande rencontre. Je ne l’oublierai jamais…Et dans quelques temps, je mettrai en ligne des discussions filmées où il parlait de pédagogie…. Unique et passionnant …

V.B : Même question au sujet de votre méthode FM Jazz (préparée avec talent et signée par le compositeur et arrangeur argentin Jean Manuel Jimenez) qui vient juste de sortir je crois. Comment est né ce projet ? Quels étaient vos objectifs premiers à tous les deux ?

C.A : La FM JAZZ est le fruit d’un auteur, Jean Manuel Jimenez (professeur au conservatoire d’Antibes). C’est un professeur et musicien de Jazz passionné par la pédagogie et ce projet est unique en son genre puisqu’ il n’existait pas de méthodes pour la formation musicale Jazz. J’ai donc signé avec grand plaisir deux volumes de cette collection (le second volume sortira d’ailleurs très bientôt). Là aussi, une très belle rencontre avec un passionné.

V.B : Cette méthode FM Jazz (1ère année) je l’ai moi-même achetée et elle est vraiment très bien faite également. Faire connaissance avec le Jazz ainsi, dès les bases et de manière simple et claire, mais quelle excellente idée ! Pour bon nombre de musiciens classiques, dont je fais partie, nous avons malheureusement eu assez peu accès à l’apprentissage du Jazz dans notre parcours musical. Il est vrai qu’il s’agit d’un univers si différent et que cela demande par conséquent aussi beaucoup de temps pour pouvoir se plonger dedans de manière à le maîtriser…et nous savons tous que le temps, ce n’est pas simple d’en trouver lorsque l’on est musicien professionnel et que l’on doit déjà se consacrer pleinement à sa discipline… Mais je me suis dis aussi, en feuilletant la méthode « quel dommage que je n’aie pas eu cette méthode, en plus des méthodes de FM classiques, lorsque j’étais enfant au Conservatoire ! » C’est bien évidemment là, que beaucoup de choses s’éveillent…et c’est donc là qu’il faut commencer à découvrir le Jazz sans attendre l’âge adulte et sans attendre d’avoir un amour déjà déclaré pour le Jazz. Cela aurait peut-être ouvert d’autres horizons à beaucoup. Heureusement, les choses ont évolué tout de même aujourd’hui. Le jazz a une place plus importante dans l’éducation musicale. Cette méthode est donc un outil très intéressant qui sera je l’espère très demandé et utilisé.

A ce sujet comment se passe l’étape de la distribution pour une nouvelle méthode ?

C.A : Pour la distribution, nous avons évidemment un réseau de magasins de musique, des enseignes importantes comme FNAC, CULTURA, ESPACE CULTUREL et AMAZON. Nous sommes également représentés par MUSIC SALES et HAL LEONARD (deux gros éditeurs) qui sont les grossistes et distribuent également notre catalogue. Grâce à ce réseau, nous sommes aujourd’hui en France, Belgique, Suisse, Luxembourg et jusqu’au Québec.

V.B : Avez-vous d’autres projets de méthodes en préparation ou en vue ? De nouvelles sorties prochainement ? Souhaitez-vous explorer encore d’autres styles ou encore d’autres instruments ?

C.A : Encore beaucoup de projets pour apprendre mais aussi s’amuser … pour le moment c’est dans les « dossier secrets » 😉

LA COMPOSITION, LA MUSIQUE ET VOUS

V.B : Pour finir, recentrons-nous sur votre travail de compositeur. Quand avez-vous commencé à composer ? Et pourquoi ?

C.A : Je suis un compositeur pédagoqique… tellement passionné par la pédagogie que lorsque je compose une musique, le naturel n’y est plus. Je me demande toujours si mes élèves pourront jouer ma musique. Ce n’est donc pas très naturel et le « lâché prise » n’y est plus …. Je suis plus un pédagogue qu’un compositeur … Peut-être un jour … qui sait?

V.B : Nous l’avons vu, votre travail touche de multiples domaines de la musique. Que vous apporte chacun de ces métiers que vous exercez ? Heureusement la question ne se posera jamais, mais si vous deviez « choisir » parmi toutes ces casquettes musicales, tous ces métiers (professeur de piano, compositeur, arrangeur, directeur de maison d’édition, créateur de méthodes) … y en a-t-il un que vous ne pouvez vraiment pas imaginer devoir abandonner ? Et pourquoi ?

C.A : Malheureusement je vais abandonner la casquette de professeur de piano. L’école que j’avais a été reprise par des professeurs et je ne suis plus aujourd’hui Directeur. Je n’ai plus le temps…Je garde encore quelques élèves mais seulement un jour et demi par semaine. L’édition me prend beaucoup de temps et je dois me déplacer de plus en plus. Il a fallu faire un choix et je ne regrette pas celui que j’ai fait. Je pense garder encore quelques élèves (4 ou 5) mais juste par passion. Quelques élèves amis qui testent mes nouveaux projets… ils adorent et suivent les projets avec moi.

QUESTION BONUS !

V.B : Quel compositeur ou artiste vivant ou mort aimeriez-vous rencontrer ? Et pourquoi ?

C.A : Je ne fais pas de choix car j’aimerais rencontrer TOUS LES ARTISTES …J’aime les gens avec beaucoup d’émotions, les artistes, les écorchés de la vie … Lors des obsèques de Didier Lockwood, j’ai eu la chance de rencontrer Richard Bohringer qui est fan de Jazz et ami de Didier. Je n’ai discuté que quelques minutes avec lui car ce n’était pas vraiment l’endroit, mais j’ai adoré sa sensibilité, sa profondeur d’âme, son regard, sa façon de parler de la musique ou de la vie. J’aime les artistes, les vrais, les gens qui ne trichent pas … pas trop !  car nous avons tous un « costume » sur nous …

V.B : Merci beaucoup Christophe pour votre temps et pour cet entretien si intéressant. Merci de nous avoir permis d’en apprendre plus sur votre travail, vos projets et votre passion. Bravo encore pour tous vos projets passionnants et je vous souhaite bien sûr encore beaucoup d’autres beaux succès et projets à venir !

Voici d’ailleurs, pour vous chers lecteurs, la toute dernière méthode éditée par F2M Editions, grande nouveauté 2018 de Christophe Astié :

Et si vous souhaitez en découvrir plus sur les autres méthodes de piano de Christophe Astié et sur tous les projets et nouveautés à venir de sa maison d’édition F2M, allez vite faire un tour sur son site : www.faitesdelamusique.fr ! 🙂

En attendant, bien sûr…continuez à aimer, à écouter et à faire de la musique! 😉

A très bientôt pour un nouvel article!

 

 

Les coulisses de la musique avec Christophe Astié

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